L’environnement :
Il a fallu que les derniers recoins des continents et des îles de la planète leur soient connus pour que les hommes commencent à tourner leurs regards vers les gouffres les plus profonds de l'océan. Le lancement du premier bathyscaphe date de 1958, et le chalutage par "La Galatée" des fosses océaniques les plus profondes ne lui est antérieur que de trois ans. Ce n'est donc que depuis 1960 que l'on sait ce qu'on n'avait jamais soupçonné auparavant : que la vie existe jusque dans ces abîmes où règnent une obscurité absolue et des pressions qui peuvent aller jusqu'à mille atmosphères. On ne peut pas dire, pourtant, que ces animaux soient à la fête tous les jours. La matière organique est rare sur les fonds : quelques cadavres de poissons et de baleines, et cette "neige mauve" faite de plancton aggloméré dont seulement 1 % atteint le fond. En 1977, trois chercheurs descendirent, dans un sous-marin doté de hublots, à moins 3000 mètres, jusqu'à la dorsale océanique, là où se fabrique le fond de la mer, là où la peau de la terre se fend et laisse échapper dans les eaux marines les jets brûlants des sources hydrothermales.

Dans les profondeurs des fosses océaniques, à quatre mille mètres de profondeur les conditions de vie sont très stables. L'absence absolue de refuges constitue la caractéristique principale de la vie dans les abysses. Au fur et à mesure que la profondeur augmente, la pénétration de la lumière diminue, jusqu'aux ténèbres totales, qui opposent une barrière à la présence de végétaux. L'obscurité est totale, la pression est très élevée, ce qui restreint la diffusion des espèces, et la température de 4°C est pratiquement constante, car la chaleur est absorbée par les eaux superficielles. Cependant, la vie est relativement abondante, grâce aux courants qui passent dans le fond des océans et renouvellent l'oxygène. Le problème dans les fonds abyssaux est l'absence totale de lumière qui empêche la photosynthèse. L'apport d'aliments vient du necton et du fond océanique. Durant leur descente, ils sont décomposés sous l'action d'organismes, qui sont de bonnes proies pour les prédateurs qui seront à leur tour dévorés par d'autres prédateurs plus féroces. Ainsi, le benthos des fosses océaniques est riche en espèces.